
Le Marité
ACTIVITÉ SPORTIVE
Il est 10h45. Le quai d’Orléans du port de Granville baigne sous le soleil lorsque Stéphane, Second sur le Marité, invite la soixantaine de passagers du jour à monter à bord. Matthieu, le capitaine, souhaite la bienvenue sur le dernier des terre-neuviers français en état de navigation. Une fois que tout le monde a pris ses quartiers, les amarres sont larguées. Cap vers l’archipel de Chausey et ses 365 îlots…
Crédits photos : Estelle Cohier
Ils sont cinq. Ils se prénomment Matthieu, Stéphane, Tim, Fabien et Tristan. Ils ont conscience de la chance qu’ils ont de naviguer sur ce Chef d’œuvre des mers. Ces passionnés vous embarquent pour la journée sur la plaine de Rétin à Chausey, vous initient aux manœuvres et vous content par bribes l’histoire exceptionnelle du Marité, qui ne fait pas ses cent ans.
S’ils sont dotés d’une grande polyvalence, ils ont tous une fonction particulière et diplômés du CIN (Certificat d’Instruction Nautique).
Matthieu est le capitaine depuis dix ans. Après vingt ans de carrière en tant que skipper professionnel sur l’Etoile de France ou encore la bisquine, La Granvillaise, il éprouve une énorme fierté d’être à la barre du dernier des terre-neuvier français. « C’est un aboutissement dans ma carrière, confie-t-il. Il y a un côté extraordinaire de patronner un bateau dans son jus, qui a traversé des océans. C’est un objet du passé entièrement rénové et qui est parti pour un siècle de navigation ».
Matthieu a tiré ses premiers bords à Madagascar et ensuite à Granville à l’âge de 4 ans. Ses parents lui ont donné le goût de la voile. Il réalise un rêve aujourd’hui, celui de partager sa passion pour la navigation à l’ancienne sur un terrain de jeu qui, pour lui, est le plus beau du monde : l’archipel de Chausey et la baie du Mont-Saint-Michel. Sa plus belle navigation demeure celle de tous les jours, « Chaque navigation est différente en fonction de la marée, de la météo et des passagers » dit-il. Son meilleur souvenir est d’avoir accueilli à son bord l’arrière-petit-fils du premier capitaine du Marité ayant effectué les deux premières saisons de la pêche à la morue. « Ce fut un moment très émouvant, lorsqu’il a pris la barre », confie-t-il. Son moment préféré lors d’une journée de navigation est l’arrivée au port de Granville. « J’aime observer tous les sourires des passagers à la débarque ». Son endroit de prédilection sur le Marité est le banc sur la poupe, derrière la barre.
Stéphane est second sur le Marité. Après avoir travaillé plusieurs années au CRNG, l’opportunité lui a été offerte de travailler sur le Marité. Passionné par les vieux gréements, il réalise un rêve de gosse en naviguant sur ce navire séculaire. Il a tiré ses premiers bords sur un 420, à la Tranche-sur-Mer, à l’âge de 12 ans. Il aime par-dessus tout le convoyage dans le golfe de Gascogne. « C’est un endroit assez calme, il n’y a plus les côtes et nous sommes accompagnés par les dauphins. J’aime quand c’est assez calme car il m’arrive d’avoir le mal de mer », confie le marin pourtant expérimenté. Son plus beau souvenir à bord du Marité demeure le convoyage à la Rochelle avec les bénévoles du Marité. Ce fut un moment de partage avec les membres de l’association. Ils nous donnent toujours un coup de main, pour larguer, pour accoster et, pour l’accueil sur les évènements. L’hiver, je me charge des travaux sur le Marité, et c’est à ce moment-là que les bénévoles interviennent. « Mon meilleur moment, c’est lors de la rembarque, lorsque les passagers découvrent la plaine de Rétin, ils sont enchantés… et moi aussi », dit-il. Son endroit préféré est la barre sur le Marité et, lorsqu’il est au mouillage à Chausey, c’est en haut du mât à 29 mètres. « C’est le plus beau point de vue de Chausey » s’amuse-t-il.
Fabien est le chef mécanicien sur le Marité, il est arrivé en fin d'année 2020. Granvillais, il est le fils de Jérôme LEGUELINEL. Il a tiré ses premiers bords dès son plus jeune âge à Granville et dans l'archipel de Chausey.
Son moment préféré est le mouillage aux Carniquets à Chausey, quand les passagers débarquent sur la plaine de Rétin.
Son endroit de prédilection sur le Marité est la cuisine « J’aime cuisiner pour l'équipage, poulet coco, rougail saucisse. En réalité, je suis chef mécanicien et chef cuisinier » avoue-t-il.
Tim, gabier, est responsable des mâts et du gréement. Il est là depuis 2020. Passionné de voiles, il souhaitait naviguer sur un terre-neuvier comme son arrière grand-père, qui était lui-même terre-neuva. "Être sur un terre-neuvier est un privilège pour moi" nous confie-t-il.
Il adore être toutes voiles dehors sur le Marité et l'applaudissement des passagers à la fin de la journée, lors du retour au port à Granville, est une belle récompense à chaque fois.
« Mon endroit préféré sur le Marité est dans mes mâts et plus précisément, en haut du perroquet, c'est là où nous avons la meilleure vue. Les sensations sont décuplées, j'ai l'impression de voler comme un oiseau. ».
Tristan est matelot du Marité mais surtout, historien de ce magnifique trois-mâts. Il aime raconter aux passagers l'histoire de ce bateau mythique qui a connu un paquets de mer et des tas d'aventures. Il aime conter ses 8 vies. Originaire de Polynésie Française et passionné de voiles traditionnelles, Tristan prend connaissance, en 2022, d'une offre d'emploi sur le Marité et décide de postuler. Quelques mois après, il quitte Tahiti pour Granville.
Son moment préféré est le covonyage, être en pleine mer et sur de longues distances.
"J'aime passer la nuit en mer, faire des quarts de nuit, me lever à deux heures du matin et passer 3 heures sous un ciel étoilé avec juste une musique en fond." Les levers comme les couchers sont des moments inoubliables pour Tristan. Et si ,en plus, les dauphins jouent avec l'étrave, alors la magie opère.
Son endroit préféré est le mât de beaupré, tout au bout du bateau.
"J'aime me mettre à cheval sur le mât de beaupré, face au bateau. J'ai la vue sur le bateau et je vois l'étrave en dessous de moi avec les vagues et parfois, j'ai la chance de voir les dauphins".
Il aime également être au bout de la vergue, au-dessus de l'eau à 27 mètres.
Pour lui, le moment-clé de l'histoire du Marité est la période de pêche. Lorsqu'il relit cette période d'histoire, il est touché en plein cœur par les conditions de vie de ces pêcheurs.
Confidence du capitaine, Matthieu, sur l’équipe : « chacun a sa spécificité sur le bateau, c’est une équipe adorable, drôle et sérieuse à la fois. Un briefing est réalisé avant chaque sortie ». « C’est comme une pièce de théâtre, on fait les derniers ajustements avant que le rideau ne s’ouvre. Matthieu tient également à faire un point avec l’équipe après chaque sortie, pour connaître à chaud leurs ressentis. « Une bonne communication au sein de l’équipage est la clef de la réussite ! ».