Yohann THOMASSE, l'homme du phare

Depuis la grande vague d’automatisation dans le début des années 1990, les phares sont peu à peu devenus des objets de patrimoine à protéger. Le métier de gardien de phare a disparu en 2012 pour laisser la place à d’autres corps de métiers dont celui d’électrotechnicien. Rencontre avec Yohann Thomasse alias l’homme du phare, au phare du Cap Lihou sur lequel il est affecté ce jour-là, situé sur la pointe du Roc à Granville.

Crédits photos : Estelle Cohier et Yohann Thomasse

Le phare de Chausey est le premier point lumineux en mer que le navigateur aperçoit lors de son arrivée sur la Destination Granville Terre et Mer. Les phares, ces sentinelles de la mer intriguent et forcent au respect.

Feu à 4 éclats blancs du phare de Granville

Tout en ouvrant les portes habituellement inaccesibles du phare, Yohann évoque son parcours. Il a pris ses fonctions à la fin de l’année 2017. « On m’a remis les clefs le 28 décembre 2017 » confie-t-il. Après une carrière de 15 ans en maintenance dans l’industrie automobile, Yohann, souhaitait exercer un métier en lien avec une de ses passions, la mer. Il veille sur le phare, comme les 6 autres dont il a la charge avec ses collègues de la subdivision des Phares et Balises de la Manche. Il surveille également 60 feux, 22 bouées et 2 tourelles.

Tour grise imposante en granit de Chausey avec son sommet rouge, le phare du Cap Lihou culmine à plus de 52 mètres sur la pointe du Roc. Sa construction fut achevée en 1828. Après avoir emprunté trois escaliers, on arrive à la coupole où la vue offerte est à 360 °C. C’est saisissant de là-haut mais c’est un moment éphémère car le mercure présent dans la cuve  sur laquelle tourne la lanterne, ne permet pas d’y rester plus de 20 minutes. La coupole est en cuivre et la girouette date de 1882. Son feu à 4 éclats blancs a une portée de 42 kilomètres. La lentille est l’œuvre de l’illustre ingénieur « Augustin Fresnel » dont le buste trône au deuxième étage.

Le phare de Chausey

Yohann contrôle, teste et répare ces phares guidant les bateaux à bon port. « Les navigateurs, pêcheurs, marins ou encore le CROSS nous signalent un problème d’éclairage et nous intervenons » confie-t-il. Il rajoute. « Nous avons un rôle d’information auprès des navigateurs en cas de dysfonctionnement sur un phare ou sur un feu. ». Il précise que les phares tournent et les feux clignotent. Le maitre de la lumière partage que certaines interventions sont dignes d’une cascade cinématographique comme l’entretien de la bouée de Videcoq qui nécessite un saut en pleine mer du bateau, sur la bouée.

Sa première fois... C’était le phare de Chausey. Il est monté dans la coupole et en a pris plein les yeux. Il confie avec des mots simples, « avoir trouvé cela beau et être heureux d’être là ». Le phare de Chausey projette un éclat toutes les cinq secondes à plus de 40 kilomètres de distance. Les habitants des maisons aux alentours peuvent se passer de lampe torche pour rentrer chez eux le soir. Il est également chargé d’entretenir la centrale électrique qui alimente l’île en électricité.

Le phare de chausey par l'Homme du phare

Son plus beau souvenir à ce jour : « Partir le matin au lever du soleil direction Chausey, être accompagné par les dauphins, gravir les marches qui permettent d’atteindre la coupole et faire les contrôles tout en oubliant que l’on est en train de travailler ». Et surtout, s’accorder quelques instants pour immortaliser ce moment en faisant quelques photos. Yohann nous explique que de là-haut, la vue est aérienne et changeante à chaque instant avec le phénomène des marées. Il a conscience de faire un travail merveilleux dans un environnement préservé. Cet amoureux de la mer est également dessinateur, portraitiste. Ces dessins sont à retrouver sur sa page Kinougram.

Si tu étais….

Un lieu : je serai le village à la mer de Saint-Pair-sur-Mer dont je suis tombé amoureux en arrivant il y a deux ans.

Une spécialité : la salicorne, ce cornichon de mer que l’on déguste en salade.

Un point de vue : la Cabane Vauban.

Une saison : l’automne pour ses couleurs et l’harmonie que cette saison m’apporte.

Une couleur : le bleu de la mer et le vert de la nature.