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©Projet de La Plage Normande|Musée d'Art et d'Histoire de Granville
Histoire d'un projet immobilier balnéaire

Les 100 ans de la Plage Normande

Aujourd’hui connue pour ses jolies villas balnéaires et sa plage labellisée Pavillon Bleu, Donville-les-Bains cache pourtant une histoire beaucoup plus ancienne. Découvrez comment ce petit village de pêcheurs et d’agriculteurs a été profondément métamorphosé en l’espace de quelques années seulement, et ce, sous l’impulsion d’un seul projet : la Plage Normande.

Donville

avant la Plage Normande

Contrairement à ce qu’il y paraît au premier abord, Donville-les-Bains est héritière d’une histoire millénaire. Une présence gallo-romaine y est attestée dès le Ier siècle de notre ère. Tout au long du Moyen-Âge et de l’Époque Moderne, l’activité maritime et agricole y prospère. Outre les sept pêcheries installées sur l’estran (dont seules deux perdurent), et les vastes étendus d’herbe en bord de littoral où paissent les élevages, Donville est avant tout réputée pour son varech.

Cette algue vert-brune, qui peut servir d’engrais, est trouvée en abondance et en excellente qualité sur les plages de Donville. L’exploitation du varech reste la première source d’activité et de richesse du village, encore à la fin du XIXe siècle.

Mais au même moment, un bouleversement se prépare : une véritable “ruée vers la mer” démarre chez les classes bourgeoises de plusieurs grandes villes, que la mode du bain de mer fait rêver. Hôtels, restaurants, casinos et villas balnéaires sortent de terre partout sur la côte : Dieppe, le Havre, Granville… Donville reste en retrait, à l’exception de l’apparition de quelques villas isolées.

Le projet de la Plage Normande,

Donville métamorphosée

1924 : c’est l’année du grand bouleversement pour Donville, qui a depuis quelques années obtenu son suffixe “les Bains”, afin d’y encourager le tourisme. A ce moment, une société parisienne de promoteurs immobiliers se forme, sous le nom de la “Plage Normande”. Son président, Charles-Léon Flaus, met en route le projet en faisant construire une toute première digue-promenade de 468 mètres le long du littoral.

Dans les deux années qui suivent, la Plage Normande se voit ornée de deux nouvelles constructions : à l’extrémité sud de la digue, un bar-restaurant, “la Potinière”, et à l’extrémité nord, l’Hôtel dit “de l’Ermitage”. Entre les deux, une lignée de cabines de plage s’érige. L’ensemble est complété par plusieurs courts de tennis, un petit stade destiné à la garde des enfants, et plusieurs villas balnéaires en haut de la falaise, tous bâtis par la société de la Plage Normande.

Une grande partie de ces constructions fait appel au style néo-normand qui fait fureur sur les côtes de la région : pans de bois, tourelles et bow-windows font renaître le charme fantasmé de la vieille Normandie pittoresque et sauvage. Mais pour attirer le client, il faut pousser la magie encore un peu plus loin : on fait venir l’électricité et l’eau chaude jusqu’à la côte. C’est le point de non-retour pour Donville-les-Bains : de village rural, elle est passée à station balnéaire en plein essor, où se pressent les plaisanciers venus de toute la France.

Conséquences

d'un projet démesuré

La Plage Normande restera inachevée. Le casino rêvé par Charles-Léon Flaus ne verra pas le jour : la crise économique de 1929, puis la Seconde Guerre Mondiale, auront raison de cette petite utopie. Le tourisme s’arrête net, les cabines de plage sont détruites par l’explosion d’une mine, la Potinière est difficilement reconnaissable, et l’Hôtel de l’Ermitage devient d’abord un refuge pour les victimes de la guerre, puis une résidence privée.

Pour autant, les infrastructures réalisées par la société auront tout de même ouvert la voie au nouvel essor de Donville. Electricité, eau chaude, train : au sommet du confort, le village attire toujours plus de particuliers qui souhaitent ériger leur propre villa. D’autant plus qu’après-guerre, c’est aussi la démocratisation des congés payés et de l’automobile : le tourisme à Donville s’ouvre à une toute nouvelle frange de la population.

Aujourd’hui, la Plage Normande a atteint son centenaire. Il y a un siècle, ce projet bousculait à jamais le visage de Donville. Depuis, le varech a retrouvé sa place dans l’écosystème de la plage, bœufs et moutons se sont retirés vers le bocage, et les seuls indices du long passé du village se sont nichés entre les vieilles pierres de l’église.

En parcourant la promenade au pied des falaises, on se trouve plutôt transporté dans l’imaginaire de personnages d’une Belle Epoque, qui chacun, cherchait à bâtir son paradis. A pied, à vélo ou en fauteuil roulant, partez donc à la découverte des vestiges de ce projet immobilier historique, témoin majeur de l’architecture balnéaire du XXe siècle.


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